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Si la RT 2012 reste une étape importante dans l’histoire de la maison individuelle, notamment grâce à une baisse conséquente des consommations énergétiques, la RE 2020 devrait nous conduire vers « l'ultime » évolution de la réglementation thermique : le concept de bâtiment à énergie positive (Bepos) ! À savoir, à terme, des constructions autonomes en énergie capables d’en produire plus qu’elles n’en consomment… Au delà de réduire les besoins énergétiques, la RE 2020 donnera une place prépondérante aux énergies renouvelables, à la réduction des émissions de gaz à effet de serre ainsi qu'au bilan carbone puisqu’elle exigera que les futures habitations aient une faible empreinte carbone. Soulignons que le label E+C- (comme "énergie plus, carbone moins"), lancé en novembre 2016, préfigure déjà cette prochaine réglementation thermique en intégrant à l'évaluation des bâtiments leur empreinte carbone tout au long de leur cycle de vie, de leur construction à leur démolition. Si toutes ces normes environnementales entraînent plusieurs évolutions notamment des modes de chauffage, elles invitent aussi les industriels et les fabricants de menuiseries à réfléchir à de nouveaux matériaux mais aussi à de nouvelles solutions techniques capables d’accumuler et de restituer de la chaleur.
Une nouvelle réglementation pour les bâtiments neufs va se mettre en place à partir de 2020… Avec elle, s’appliquera tout ou partie du label « énergie carbone » qui entend favoriser et valoriser dès à présent la construction de bâtiments à énergie positive et bas carbone. Concrètement, pouvez-nous dire ce que vont changer toutes ces nouvelles normes ?
Thierry Perrin : D'un point de vue thermique, la RE 2020 sera une RT 2012 moins 5% à moins 15%... il est encore difficile de donner des chiffres car rien n’est vraiment arrêté. Les choses pourront se préciser grâce à l’expérimentation et à l’observatoire mis en place par le ministère. La grosse nouveauté, c'est surtout le volet environnemental avec les analyses de cycle de vie des matériaux et le bilan carbone. Les maisons vont devoir concilier une sobriété énergétique accrue avec un impact environnemental faible.
Les menuiseries extérieures, et notamment les fenêtres, qui sont aujourd’hui un élément capital de l’enveloppe du bâtiment puisqu’elles contribuent autant à la performance énergétique qu’au confort de l’utilisateur vont bien entendu être impactées par ces nouvelles mesures… qu’en pensez-vous ?
Aujourd’hui les fenêtres performantes sont en mesure d’assurer une bonne isolation thermique, une bonne étanchéité à l’air tout en maintenant un facteur solaire et une transmission lumineuse élevés… après c’est la prise en compte de l’empreinte carbone de chaque élément qui va faire la différence. Avec le label énergie-carbone, les fiches de déclaration environnementale et sanitaire (FDES) ont toute leur importance puisqu’elles permettent aux fabricants de connaître l’empreinte carbone de chaque matériau et ainsi de limiter leurs impacts sur l’environnement. On sait déjà que certains matériaux, comme le PVC (notamment le PVC recyclé) qui ne demande aucun entretien, seront très certainement avantagés par cette nouvelle réglementation même si les menuiseries bois, par exemple, sont plus économes en énergie grise… Leur entretien sur une période 50 ans peut dégrader rapidement la performance environnementale du matériau.
Pensez-vous que de nouveaux matériaux peuvent voir le jour ?
Certains matériaux, déjà présents sur le marché, peuvent connaître un bel essor. Je reviens sur le PVC qui est une matière plastique fabriquée à base de pétrole et de sel. Il y a encore dix ans, le PVC était perçu comme une matière non recyclable, destinée à finir en décharge ou à être incinérée… Aujourd’hui les industriels du PVC ont organisé des filières de collecte et de recyclage adaptées aux différents types de déchets en fin de vie. L’aspect « recyclabilité » des chutes de production ou des anciens châssis de fenêtres est point essentiel avec le label « énergie – carbone ». D’autant que certains fabricants de menuiseries vont jusqu’à recycler 100% des matériaux dans de nouveaux systèmes de fenêtres.
Au-delà de l’impact environnemental, quels conseils donneriez-vous aux professionnels ?
De rester vigilants bien sûr aux caractéristiques thermiques des fenêtres, en sachant que le double vitrage reste un bon compromis pour leurs clients tant en termes de performances thermiques, que d’apports solaires et de coût. Certains fabricants ou spécialistes de la menuiserie proposent du double vitrage à isolation renforcée, c’est-à-dire qu’ils remplacent l’air entre les vitrages par du gaz argon qui joue le rôle d’isolant, ce qui renforce nécessairement la performance thermique du vitrage. Au regard des nouvelles réglementations, je conseillerai aux professionnels de s’intéresser à la récupération des apports solaires. Car plus les vitrages ont été performants ces dernières années en déperdition, plus ils ont perdu en récupération d’apports solaires.
Aujourd’hui, les nouveaux vitrages ont des facteurs solaires qui sont meilleurs. Rappelons que le facteur solaire (défini par un coefficient Sw) détermine la capacité de la fenêtre à restituer la chaleur solaire à l’intérieur de la maison. Plus le coefficient Sw est élevé, plus la fenêtre laisse passer l’énergie solaire… ce qui est un vrai plus lorsqu’on s’oriente vers des réglementations qui donnent une place prépondérante aux énergies renouvelables et qui visent une baisse conséquente des besoins énergétiques.
* on parle d’Analyse du cycle de vie (ACV), en prenant comme base une durée de vie moyenne de 50 ans